Décor des poteries par Naïma: finesse et précision

Naïma, potière de la tribu des M’Tioua décore ses poteries avec finesse et précision. Pour se faire elle réalise ses décors au pinceau seule concession à la modernité dans son travail toujours traditionnel.

En extérieur malgré la chaleur écrasante qui régnait en ce début du mois de novembre, elle décore ces pièces assise par terre. Aucun confort et très peu de matériel…des colorants naturels au préalable broyés. Elle recouvre la partie visible de ses pièces d’un engobe, du blanc obtenu avec de la chaux additionnée d’eau et le reste d’un engobe ocre rouge confectionné d’une pierre broyée riche en oxyde de fer.

Un temps de séchage est nécessaire avant de poursuivre la décoration en temps que telle.

Les motifs. Toujours géométriques sont bicolores et réalisés à base d’oxyde de fer pour le rouge et d’oxyde de manganèse pour le noir.

Les pièces réalisées uniquement en noir sur blanc l’ont été à ma demande.

La tribu des M’Tioua compose traditionnellement ses motifs à base de points, de lignes droites et de chevrons.

Naïma y intègre des courbes et parfois des motifs inspirés par des objets alentours. Je ne résiste pas à l’envie d’en donner un exemple cocasse. Alors que je livrais des poteries au Jardin Majorelle de Marrakech, son directeur artistique  me demanda si Naïma possédait un sac Louis Vuitton.

Plus habitué au luxe que moi même, il avait  repéré le sigle Louis Vuitton sur les poteries de Naïma…Je lui répondis que Naïma ne pouvait le connaître et lui assurait qu’elle ne possédait pas de sac de cette maison. De retour dans le Rif je retrouvais Naïma occupée à décorer ses poteries…à ses pieds des chaussettes. Des chaussettes Louis Vuitton…fabriquées en Chine et largement commercialisées dans les souks, marchés hebdomadaires de sa tribu.

Naïma s’inspire du monde qui l’entoure…peut être qu’un jour, le sigle LV plusieurs fois stylisé deviendra-t-il un motif traditionnel des M’Tioua. A condition toutefois que Naïma accepte d’apprendre le travail aux jeunes femmes qui le souhaitent. Pour l’instant elle refuse de transmettre, préférant garder pour elle seule une clientèle trop rare pour être partagée.

Lors de mon dernier voyage chez Naïma en novembre 2022, la potière décorait toujours ces plats avec le même motif et ne souhaitait toujours pas transmettre sa technique. Pourtant dans son douar, trois jeunes femmes travaillent maintenant des pièces dont la forme s’améliore chaque année.

Quelques étapes en images…