Le Rif, géographie et peuplement

Le Rif.

Les géographes définissent diversement cette région du Nord Maroc.

Par soucis de simplification, le Rif est à considérer dans ces pages comme la grande région naturelle montagneuse du Nord Maroc.

 

Géographie du Rif 

Un massif montagneux borné au sud ouest par le massif du Zerhoun dans la région de Meknès, au sud est par le jbel Tazaka dans la région de Taza.

Ces deux massifs à l’altitude moins élevée que le Rif proprement dit en constituent les contreforts.

Au nord, il s’étend de Tanger à Nador, jette ses falaises parfois abruptes dans la méditerranée et offre de jolies criques qui témoignent des bouleversements géologiques que la région a jadis connus.

Plages au sable noir d’origine volcanique dans la région de Targha, très nombreux fossiles marins lorsque l’on aborde le centre du Rif…

Dans sa partie continentale, une chaîne de montagnes jeunes, de moyenne altitude dont le point culminant à 2456 mètres est constitué par le mont Tidighin dans la province de Kétama.

 

Le climat rifain 

A situation géographique différente, climat différent et végétation adaptée.

Hivers froids et enneigés en altitude, plus doux et humides en descendant, le climat reste rigoureux, la pluviométrie importante (pour le pays!). Les pistes se transforment en bourbiers et les fortes pluies occultent toute visibilité. Eviter les sorties inutiles en voiture reste encore la meilleure solution. Les femmes des villages isolés dissimulent avec fierté la difficulté de leur vie sous d’épais foutas, draps de laine, utilisés comme foulards.

Etés chauds partout mais adoucis par les entrées maritimes d’une part et l’altitude de l’autre.

 

 

La végétation du Rif

 

Rien de la touffeur des villes dans cette région souvent verte, à la végétation variée en fonction de sa situation.

Végétation traditionnelle des bords de méditerranée. Forêts de cèdres, sapins et conifères en altitude. Oliviers, figuiers, céréales et cultures traditionnelles en plaine et moyenne altitude.

Dénicher un douar, encastré au fond d’une vallée invisible des axes de circulation, offre aux courageux des paysages de Vietnam aux cultures en espaliers et, récompense suprême, beauté, calme et sérénité de cette région assez résistante au tourisme de masse.

 

Population du Rif

Diversité de peuplement, diversité linguistique et culturelle.

Renan observe fort justement, note Julien Benda dans son ouvrage “Du style d’idées”, que, “lorsqu’il s’agit des origines […], c’est le vague qui est vrai” (Paris, 1948, p. XXVIII).

On distingue :

Les Berbères qui constituent la première population du Maroc. Cette dénomination fût donnée par les Phéniciens puis les romains à la population autochtone. Parmi eux :

  • Les Rifains qui parlent le tamazigh.
  • Les Jbalas, première population berbère à parler le punique avec les Phéniciens et les Numides (berbères de Carthage) qui au III° siècle avant JC étendaient leur pouvoir jusqu’aux rives Est de la Melouya, puis le latin avec les romains qui occupaient le Rif au début de l’ère Chrétienne.

Arabisés et islamisés depuis par les Arabes qui envahirent ces régions, Idrissides au début du VIII° siècle, Almoravides au XI° et Almohades au XIII° siècle.

« Les grandes tribus Senhaja et Kétama […] descendaient des berbères de Syrie et d’Egypte avec leur roi Ifrikich qui passa dans le Maghreb pour effectuer quelques razzias… Après son avancée dans le pays, il bâtit une ville à laquelle il donna son nom, Ifrîkya et établit les principaux des Senhaja et des Kétama pour instruire les berbères, percevoir leurs impôts et les gouverner.»

Les groupes immigrés arabes ou juifs, formés par les familles fuyant l’Andalousie du XV° siècle avec la chute du Califat de Grenade.

Installées dans ces contrées montagneuses et d’accès difficile, ces familles se sont constituées en véritables tribus (Ex. les Sless et les Marnissa).

Le protectorat français de la première moitié du 20° siècle a eu très peu d’influence sur l’indépendance culturelle de cette région.